Questionné au sujet de la qualité des eaux du canton de Neuchâtel par le législatif en 2019, le Conseil d’Etat s’était montré plutôt rassurant. En décembre 2022, suite à l’acceptation d’une motion à ce sujet, un rapport dressant le bilan qualitatif des eaux souterraines et de surface a été publié par le Conseil d’Etat à l’attention du Grand Conseil.
Voici les données que l’APSSA avait requises auprès du Canton en 2020, lors de la votation en lien avec les pesticides de synthèse, et pour lesquelles nous avions été priés de patienter. A ce moment-là, les membres du comité étaient déjà dubitatifs quant à la qualité des eaux du bassin versant. Aujourd’hui, soit près de cinq ans après les dernières mesures réalisées dans les cours d’eau et alors qu’il n’y a plus d’enjeux politiques à ce sujet, nous avons enfin accès à ces données et nous n’en sommes pas rassurés. En effet, une rapide comparaison des analyses présentées dans le rapport laisse apparaître une dégradation de la qualité physico-chimique des rivières du Val-de-Ruz entre 2013 et 2018. Cette péjoration est-elle à mettre sur le compte d’un étiage plus marqué en 2018 ou la raison est-elle à chercher ailleurs ? D’autre part, dès que l’eau se retrouve à l’air libre comme à la source du Seyon à Villiers, on y détecte des produits phytosanitaires et des traceurs d’eaux usées, preuve que l’eau est très impactée par les activités humaines.
De plus, les rapports sur la pollution des eaux, tels que celui-ci, sont à considérer à la lumière des analyses réalisées avec un nouveau prototype (1). Selon un article de l’Institut fédéral suisse des sciences et technologies de l’eau (Eawag) paru en 2020, cet appareil qui effectue automatiquement des mesures toutes les 20 minutes offre un bon aperçu des fluctuations des concentrations au fil des heures. Il a mis en évidence le fait que les pics de concentration étaient largement sous-estimés avec les méthodes traditionnelles. Les pollutions relevées jusqu’ici dans les eaux seraient donc bien plus importantes. Il est de ce fait indispensable que le Canton se dote des moyens techniques pour opérer une surveillance optimale de la qualité de nos eaux. Les mesures réalisées jusqu’ici semblent trop ponctuelles pour être représentatives de l’état réel de nos cours d’eau.
L’agriculture s’engage à réduire les risques liés à l’utilisation des pesticides de synthèse dans le cadre de la mise en œuvre de l’initiative parlementaire y relative (2) ; espérons que les prochains relevés mettront en lumière une amélioration au niveau des produits phytosanitaires. Parallèlement, la question des déversoirs d’orage doit absolument être réglée, les mauvais raccordements corrigés et les sites pollués assainis.
Article complet prochainement ici.
Aline Chapuis, APSSA
(1) Spectromètre de masse ambulant automatisé MS2field
(2) Initiative parlementaire 19.475 « Réduire le risque de l’utilisation des pesticides »